L'ECOLE DES RECOLLETS
Jusqu'à la révolution de 1789
l'enseignement primaire était en France le monopole de l'Eglise
et assuré à Saumur par une dizaine de petites
écoles, le taux de scolarisation étant faible (environ
60% d'illettrés dans la population). De 1791 à 1830
l'Eglise et l'Etat se disputèrent ce monopole. Ce n'est
qu'après le Restauration et les Trois Glorieuses de 1830 qu'une
évolution se traduisit dans la loi Guizot (1833) qui obligeait
les Communes à avoir une Ecole communale de garçons, les
Ecoles de filles étant facultatives ! Elle
prévoyait aussi la formation des Instituteurs dans les Ecoles
Normales.
A Saumur où le manque de locaux se faisait sentir, pour
répondre à la principale revendication du peuple, le
Conseil Municipal décida en 1833 d'importants travaux pour
construire une Ecole Communale de garçons pouvant accueillir 200
à 300 élèves. Il donna en même temps
congé aux Frères des Ecoles Chrétiennes qui
avaient établi vers 1825 une petite école dans quelques
locaux encore utilisables de l'ancien Couvent. Elle fut
transférée en 1835 Montée du Fort, dans une maison
qui venait de leur être léguée, créant ainsi
l'Ecole du Fort qui fonctionna jusqu'après la dernière
guerre.
La première école des Récollets ne fut donc pas
laïque, mais la seconde le devint en 1835 avec un statut d'Ecole
Mutuelle Communale de garçons. Elle conserva son nom, devenant
ainsi en France une des rares écoles laïques à
porter le nom d'un ordre monastique. Ses bâtiments construits en
1833 n'avaient sans doute guère changés un
siècle plus tard. Le bâtiment principal avec sa marquise,
occupé maintenant par les services de l'Inspection
Académique et le Centre d'Initiation aux Arts, est bien visible
sur le côté droit de l'entrée du Jardin des
Plantes depuis que le haut mur qui séparait l'école de
ce jardin a été abattu. Il ne reste peut-être que
quelques pierres utilisées dans les constructions de 1834 pour
rappeler le souvenir des moines. Dans le Jardin des Plantes, une petite
maison avec une très belle façade du XVIIIème, un
peu surélevée, aurait été la maison du
Prieur, mais il n'y a aucune certitude à ce sujet.
Le premier directeur de l'Ecole fut Jean BURGEVIN qui se montra
très actif, ouvrant une école gratuite d'adultes (le
jeudi et le dimanche matin) et assurant seul au départ
l'instruction d'une centaine d'enfants avec l'aide des meilleurs
élèves qui encadraient les plus faibles. Les archives
retrouvées sont insignifiantes, pour la période allant
de 1848 au grandes lois scolaires de Jules FERRY en 1881. A cette
époque l'Ecole fonctionnait avec un effectif d'environ 200
élèves. Elle avait des Cours Publics du soir pour adultes
en 1871 (63 inscrits en 1897).
Il fallut attendre 1920 pour que le Cours Complémentaire soit
officiellement créé, mais avant la guerre de 14-18, il y
avait à l'Ecole un Cours Supérieur (36
élèves en 1912), tous titulaires du Certificat d'Etudes.
A partir de 1904, des élèves des Récollets
obtenaient leur Brevet Elémentaire et se présentaient
à l'Ecole Normale ainsi qu'au concours de recrutement des
Administrations Publiques.
L'Ecole a eu 5 Directeurs de 1901 à 1960 : MM. Jules DUPERRAY en
1901, Alexandre NOYER en 1925, Louis BOUTREUX en 1934, Marcel POURRIN
en 1945, Marcel APPEAU en 1960, et la progression de ses effectifs a
été constante tant elle jouissait, grâce à
la qualité de ses enseignants, d'une excellente
réputation. Le Cours Complémentaire avait 97
élèves en 1932, 135 en 1934, dont 37 internes (un accord
avait été passé avec le Collège voisin qui
accueillait les Internes des Récollets). L'Ecole avait un
atelier pour l'initiation à la menuiserie et donnait des cours
de greffage pour la viticulture avec un concours annuel. Une section
commerciale (comptabilité, sténographie) fut
créée en 1941.
|